MES ENQUÊTES RAPIDES
Bénin : Déjeuner à moins de 200F CFA, le prix de la résilience...
Au Bénin, tout concourt à la résilience éternelle. L'adage dit ici que tout est possible dès qu'on a réussi à gérer le souci du ventre. Trouver son pain quotidien devient la raison de vivre de tous, riche ou pauvre. Mais la situation économique ne favorise pas pour autant le grand nombre, car joindre les bouts est un casse-tête chinois comme l'indique Christian Hounton, un conducteur de taxi moto communément appelé "Zémidjan" au Bénin. Il est un habitué du restaurant de pâte de maïs à la sauce graine. Ces genres de gargote achalandée existent un peu partout au Bénin et plus particulièrement au Sud du pays. C'est des genres de restaurant à vent ouvert où le jeune apprenti artisan et l'agent commercial peuvent se croiser, l'agent de sécurité et le menuisier du quartier pourraient s'y retrouver aussi, car les offres sont ouvertes et à chacun selon sa bourse. À Porto-Novo sur le boulevard du cinquantenaire, Yao Vè (dame au teint clair) est très renommée dans son restaurant qui a d'ailleurs fait peau neuve depuis quelques années avec un bâtiment dallé et bien cimenté à la place de la toiture en paille d'antan. On peut s'acheter la pâte de maïs ici à partir de 100f CFA voire 50f avec en bonus quelques cuillerées de sauce graine arrosée de crin-crin. « Donnez-moi 2 pâte, je suis pressé » , lance Antoine, la cinquantaine, Zémidjan reconnaissable à son blouson bleu numéroté. Pas besoin de chercher son nom, puisqu'il est aussitôt repris par Christian Hounton : « Antoni, j'espère que tu prendras du poisson aujourd'hui, tu ne veux jamais dépenser pour manger, peut-être emporteras-tu tes économies dans la tombe?». Impertinence bien prise par son vis-à-vis qui rassure que rien ne l'intéresse dans le poisson, de toutes les façons, c'est pas avec 500f CFA en poche, après une demie journée de travail qu'il s'offrirait ce luxe. Donc, ce sera de la pâte pour 200f CFA avec la sauce en bonus comme d'habitude. Et pourtant, le poisson, Yao Vè en a pour toutes les bourses, allant de 100f CFA jusqu'à 500 voire 1000f CFA. Pour Yao Vè comme bien de ces bonnes dames, elles sont à la tête de cette petite entreprise familiale qui permet surtout de remplir l'estomac des petits fils et d'assurer dans la mesure du possible la scolarité des enfants et l'apprentissage d'autres progénitures. En définitive, c'est une entreprise sociale qui ne dit pas son nom. À chaque jour suffit sa peine, pourvu que tout le monde mange à sa faim et que la caisse tire de quoi renouveler l'offre le lendemain et le cycle continue. Face à la crise socio-économique et même sanitaire mondiale ainsi que le durcissement de la situation depuis la guerre entre l'Ukraine et la Russie, ces restaurants sont devenus réellement des restaurants du cœur pour le bonheur de tous, car on y rencontre toutes les classes de la société, mais une priorité est accordée à la basse classe, surtout les gagne petits. On y reviendra.
Fidèle Sèna VODOUNON
Commentaires
Enregistrer un commentaire