MA LECTURE

Le Vodoun, l'universalité et les ignares !

Il faut l'affirmer sans fioritures. Le Vodoun n'est pas l'apanage des hommes. C'est bien au-dessus des basses appréhensions de la race humaine. Mais son envergure et sa portée universelle font de lui, le Vodoun, une entité au service de l'homme. Et c'est là tout le mystère. Ce n'est pas pour autant que monsieur tout le monde peut se permettre d'en parler et même d'en dégager des catégorisations qui frisent l'impertinence. Je veux parler des ragots et autres sottises qui se répandent sur la spiritualité de mes ancêtres. Et là-dessus, je ne parle pas que pour le Bénin. Car, cette manière de réduire le Vodoun à l'espace géographique du Bénin n'est pas de nature à lui accorder toutes les caractéristiques de son universalité. Et c'est justement à ce propos que l'aberration devient attentatoire au bon sens.

De toute évidence, de la tradition judéo-chrétienne à celle gréco-romaine, l'Afrique colonisée et manipulée n'a pas été embarquée dans le christianisme par l'Orient, n'est-ce pas? L'Europe futée, a su donc s'approprier la chose pour en faire un instrument de conquête et de colonisation en Afrique. Mais dans le fond, personne ne se préoccupe plus vraiment des origines de cette foi aujourd'hui répandue en Afrique. On peut en dire autant de l'islam, car des africains islamisés, des Béninois reconvertis portent aujourd'hui une tradition religieuse et sensibilisent leurs pairs à y adhérer. C'est ça la tolérance, ferment de la liberté religieuse. Tout ça est rangé dans le registre de l'universalité. Qu'à cela ne tienne donc!

La question qui se pose, de tout ce qui précède, est de savoir ce qu'il en est du Vodoun? Qu'en est-il donc de cette spiritualité millénaire qui se veut quand même la source de toutes les autres à l'échelle planétaire pour peu que l'Homme et la science sont d'accord que l'Afrique est le berceau de l'humanité ? La question demeure posée à la conscience de tous ceux et de toutes celles qui se réclament de la spiritualité africaine authentique ancrée sur le Vodoun. La question se pose de savoir à qui appartient la paternité de tel ou tel Vodoun ? Quel peuple serait-il en droit de s'arroger la paternité de tel ou tel Vodoun ? C'est là toute l'absurdité, étant entendu que cette spiritualité est totalement inscrite dans la dynamique universelle, car il ne peut en être autrement s'il en est ainsi pour le christianisme, l'islam etc. 

Du reste, comment des "nés de nouveau", reconvertis et autres blancs becs s'amuseraient-ils au prétexte d'une fierté mal contenue, à s'affirmer "géniteur" de Vodoun de tel peuple ou de tel autre. Comment peuvent-ils avoir l'outrecuidance de définir le champ d'action et d'extension de tel ou tel Vodoun, sur la terre des ancêtres africains ? Toutes ces polémiques inutiles, alors même que c'est le moment plus que jamais à l'heure du verseau, de démontrer et d'officialiser l'universalité de notre spiritualité pendant que l'Occident perd les repères et l'Orient s'embourbe dans des querelles infinies.

En réalité, on aurait pu ranger ces prises de position abracadabrantesques contre le Vodoun dans le registre des manipulations habituelles visant à saboter cette tradition boussole du monde. Malheureusement, il y a des dignitaires assermentés qui s'y adonnent aussi ou qui en sont des commanditaires. Une triste réalité quand on sait par exemple qu'aujourd'hui au Bénin, des centaines de couvents du culte Thron Kpéto Déka Alafia pullulent partout comme Atingali, Baglé etc. Est-ce pour autant que les frères africains du Ghana viendraient en interdire les cultes ? Au contraire, la hiérarchisation des titres arrange les choses et c'est d'ailleurs cela qui fait l'attraction de ce culte au Bénin ou des dignitaires confirmés y vont pour acquérir les grades. Car, dans tous les cas, c'est l'Afrique qui gagne. Au-delà de la structuration nécessaire qui se fait d'ailleurs déjà à travers diverses associations, c'est bien une dynamique à encourager. Alors, que cessent les railleries autour du Vodoun avec des stigmatisations réductrices qui portent à croire qu'une telle divinité appartient à untel peuple et vice-versa. Travaillons plutôt à ce que le Vodoun en Haïti ou au Brésil soit une fierté au même titre qu'au Bénin ou au Togo. 

Je suis VODOUNON, je suis VODOUNON GANDJI !