Radioscopie de la gouvernance éducative au Bénin
SALIMANE KARIMOU, LA MAESTRIA AU SERVICE DES ENSEIGNEMENTS MATERNEL ET PRIMAIRE
(Tout sur la suppression des classements par département)
En marge d'un dîner de presse axé sur l'analyse des résultats du CEP 2023, le ministre Salimane KARIMOU a répondu à bâton rompu aux diverses préoccupations des hommes des médias ce vendredi 28 juillet 2023 à Porto-Novo. Occasion pour le ministre des enseignements maternel et primaire de revenir en profondeur sur l'historique, les tenants et aboutissants et surtout la pertinence de la décision gouvernementale de suppression des classements par département au sujet des résultats. Retour sur les explications, véritable radioscopie de la gouvernance éducative de 1980 à aujourd'hui au Bénin:
«...La réfome a presque trois décennies de vie. On voit l'école comme cette école là où la meilleure approche, c'est l'approche sélective. C'est-à-dire, tout le monde ne doit pas passer. Je voudrais nous rappeler que nous sommes partis dans la réforme à partir des états généraux de 1990. Mais avant, le programme d'édification de l'école nouvelle a fait l'objet d'évaluation. Cette école nouvelle là qu'aujourd'hui beaucoup sont en train de vanter mais qui avait été rejetée. Même les initiateurs en 1981 ont évalué l'école nouvelle et ont estimé que même si dans le contenu c'est bon, dans la pratique, c'est pas réaliste pour le Bénin. Parce que le Bénin d'alors, peut-être encore d'aujourd'hui, n'a pas les moyens de financer un tel programme, aussi beau, merveilleux soit-il. Donc à l'évaluation déjà de l'école nouvelle, on avait déjà estimé qu'il faut ranger ça. Alors, on a eu un programme intermédiaire jusqu'au renouveau démocratique qui a débouché sur les états généraux en octobre 1990. C'est les états généraux qui ont commandé les réformes du système éducatif. Parce que l'analyse en son temps a conclu que l'état providence qui faisait en sorte que lorsque j'ai étudié, je suis allé jusqu'à l'université, quand j'obtiens mon diplôme, j'attends les compte-rendus d'un conseil des ministres pour connaître mon poste d'affectation. Ceux qui n'ont pas la chance d'aller jusqu'au niveau du supérieur, qui ont seulement le BEPC ou Baccalauréat, c'est l'emploi qui attendait, même avec le CEP. C'est ainsi en ce temps, jusqu'en 1986, quand on s'est rendu compte que l'État ne peut pas continuer comme ça, il faut refaire les choses. Cela, dans le sens de pouvoir permettre la scolarisation universelle; tous les enfants à l'école, mais pas forcément pour travailler pour l'État. Qu'il soit capable de s'auto-employer et plus qu'il soit capable de créer lui-même d'emplois. Et si l'État lui fait appel parce que le besoin se fait sentir, il peut y aller. À défaut de l'État, si c'est un privé, il peut y aller. Parce que depuis ce temps-là, on s'est rendu compte que l'État ne peut plus recruter tous ceux qui vont à l'école. Mais l'État avait l'obligation de pouvoir mettre tous les enfants à l'école, d'assurer leur scolarisation. Donc, on a changé déjà de paradigme. Alors, c'est ce paradigme là qui a débouché sur les différents contenus que vous avez. Les nouveaux programmes d'études vont démarrer dans la phase conceptuelle de façon précise en 92-93, le Président Soglo était au pouvoir. Mais le Bénin en termes de prime pour la démocratie avait bénéficié de l'appui des USA et des pays occidentaux de façon générale mais avec l'appui fort des USA qui disaient que ce pays qui a donné le bon exemple politique ne doit pas échouer, il faut le soutenir. Alors ils ont dit, voilà, votre système éducatif, il faut le revoir. Chez nous aux USA et dans les pays développés, ce n'est pas quel diplôme tu as on cherche, mais.le slogan, c'est : "qu'est-ce que tu sais faire ?". Alors ils ont dit, si vous vous inscrivez dans ce schéma là, vous allez bénéficier du soutien des USA, d'où les nouveaux programmes avec l'approche par compétences. Pour la petite histoire, l'approche par compétences n'est pas sortie du néant. C'est des écoles américaines, notamment le Canada, qui tirant leçon de leurs difficultés en la matière, ce sont dits alors, si au niveau des entreprises les gens réussissent, pourquoi ne pas s'inspirer de cet exemple pour permettre la même réussite au niveau de l'école ? Ainsi, ils se sont rendus compte qu'au niveau des entreprises, ce qu'il faut, c'est la compétence. C'est comme ça que l'approche par compétences est arrivée au Bénin avec ses contenus. Et dans l'approche par compétences que vous verrez ce dont nous parlons là. C'est ce que tu sais faire, c'est des compétences à développer niveau par niveau, grade pour grade. C'est une approche qui a ses principes, durs et forts. Mais des principes tout simplement de vie courante. On n'a pas à privilégier une matière sur une autre, une compétence sur une autre, toutes les compétences sont valables, on n'a pas à comparer un élève par rapport à un autre. Puisque deux enfants peuvent ne pas vivre les mêmes réalités.
Par rapport au classement, lorsque vous prenez deux élèves d'une même localité, d'une même classe, ils ne vivent pas dans les mêmes réalités, ils ne vivent pas dans les mêmes conditions. Même si éventuellement, ils ont les mêmes facultés, les facultés ne sont pas développées de la même manière. C'est pourquoi donc le gouvernement a dit de ne plus prendre en compte les classements. L'enfant qui vient à l'école et n'a pas mangé et l'autre qui est à côté le ventre plein, ils vont assimiler de la même manière ? Et vous voulez comparer les deux après une évaluation. Est-ce que votre comparaison-là est juste? Elle est fausse. Je vous parle de classe, avant même les localités. C'est pourquoi dans l'approche par compétences, ce qui est privilégié, c'est de savoir si l'enfant a pu développer une telle compétence et s'il a atteint tel niveau. C'est différent déjà de l'approche normative qui a été celle de l'école que nous avons connu où quelles que soient vos conditions de vie, quels que soient vos lieux de provenance, vous êtes classés. Et c'est le dernier que vous renvoyer de l'école que retrouvez plus tard dans la vie qui a peut-être mieux réussi que celui qui était premier et qui a fait des études universitaires. C'est ça même la question de compétences. Je vous rappelle là ce qui motive la décision du gouvernement d'éviter de faire ces genres de classement. C'est pas seulement par rapport au département, c'est également par rapport aux localités...» à suivre
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