Instruction et éducation

«L'école reste indispensable, utile pour tout le monde» dixit Salimane KARIMOU

«L'école forme, mais qu'est-ce que l'école fait de ses produits ?» Cette préoccupation de plus en plus récurrente tend à maintenir l'école dans un rôle qui n'est plus forcément le sien. À l'occasion d'un échange avec les acteurs des médias, le ministre Salimane KARIMOU en charge des enseignements maternel et primaire est revenu sur la problématique. Voici quelques morceaux choisis de ses opinions :

« Tous les enfants béninois ont droit à l'éducation, c'est d'ordre constitutionnel. Donc, on doit toujours mettre les enfants à l'école et créer les conditions essentielles pour qu'ils y restent afin de développer les compétences attendues d'eux. Anecdote pour anecdote. Lorsque en 2003, avec les nouveaux programmes d'études, j'ai eu l'occasion de discuter avec un américain, qui était le directeur général de l'Usaid en ce moment au Bénin, car je voyais leur élan de ne rester qu'au niveau du primaire avec les nouveaux programmes, je l'ai interpellé. Ceci, pour lui dire qu'il faut aller plus loin, car c'est aller plus qu'il faut pour nous au Bénin. Il me dit que c'est bien beau, mais c'est une question de moyens. Le Bénin n'a pas des moyens pour pouvoir le faire. Mais rassurez-vous, l'enfant qui a fait le primaire, qui l'a fait correctement, pas dans l'approximation, s'il devient paysan plus tard, il sera plus performant que le paysan qui n'a jamais mis pieds à l'école. Vérifiez ça là aussi. C'est effectif. Dans la tête de nos parents, continuons de leur dire que l'école est indispensable. Ce n'est pas pour travailler pour quelqu'un forcément. Ce n'est pas pour travailler forcément pour l'État. Et c'est ça qu'on doit commencer par vulgariser. L'État ne peut plus, l'État providence est mort. C'est pourquoi on a mis en place des stratégies et des moyens pour permettre à chaque apprenant de ne pas sortir de l'école si c'est bien fait, sans être capable de faire quelque chose. C'est ce que beaucoup de béninois n'acceptent pas aujourd'hui. On continue de voir l'école comme pourvoyeuse d'emplois demain. L'école ne peut plus faire ça aujourd'hui. L'école doit instruire, c'est le premier rôle de l'école et on y a ajouté l'éducation. Lorsqu'on met tout ça ensemble, l'enfant est instruit et éduqué, il faudrait qu'il soit capable de faire quelque chose. C'est pourquoi lorsque vous voyez les contenus de nos programmes aujourd'hui, c'est axé sur ça. Même si on les taxe de tous les mots, moi je ne vois pas de meilleurs programmes que ceux-là, je n'en ai pas encore vu. Tous les pays développés sont sur ça. Même si l'État a besoin, il va chercher là. Dans nos pays encore aujourd'hui, quel est le secteur qui consomme encore des diplômés ? C'est l'enseignement. Et là encore, c'est saturé....»

Tout le déficit en matière d'enseignant au Bénin est résorbé.

«...Dommage, personne n'a posé de questions  par rapport au déficit d'enseignants. C'est saturé déjà. Avec le programme des AME (Aspirants au Métier d'Enseignant), il n'y a plus en réalité des classes sans enseignants. Sauf là où les gens se sont mis en difficulté eux-mêmes, parce qu'il y des gens qui ont ouvert des salles dans des écoles, qui ne sont pas des salles autorisées, que l'État ne connait pas. Donc, tout le déficit en matière d'enseignant au Bénin est résorbé depuis le premier programme des AME, 2019-2020. On a recrutement en un seul tenant plus de 8.000 enseignants pour couvrir tous les besoins par rapport à nos données statistiques. Donc l'école, même si elle ne donne plus la garantie d'emploi, je voudrais qu'on retienne vraiment cela, l'école reste indispensable, utile pour tout le monde. Voyez les sportifs de haut niveau aujourd'hui. Quel que soit son niveau, s'il n'arrive pas à communiquer, est-ce-que vous ne constatez pas que quelque chose lui manque!...»

Transcription et mise en forme : Fidèle Sèna VODOUNON.