La saison des chantages électoraux
Le chantage n’est pas une vertu. Disons-le sans détour. Et lorsqu’il émane de ceux qui incarnent le symbole de l’éducation, la situation devient d’autant plus préoccupante. Non pas seulement pour l’image d’un corps social respecté, à tort ou à raison, mais surtout pour ce qui est réellement en jeu.
Sous nos latitudes, chacun le sait, les périodes préélectorales se transforment trop souvent en tremplins pour revendications, récriminations, duperies et chantages en tous genres. Le Bénin, qui s’apprête à vivre en 2026 une séquence électorale dense, ne fait pas exception à la règle. Et l’on observe déjà des manœuvres qui interpellent.
Le cas des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) est, à ce titre, révélateur. Passés pour beaucoup du statut précaire de vacataires ou d’enseignants communautaires à celui, toujours fragile, d’AME, ils incarnent une frange essentielle du système éducatif. Car qu’on le veuille ou non, tous les enfants du Bénin, qu’ils soient issus de familles instruites ou non, participent à l’édification de la Nation. Le principe fondamental d’égalité, consacré par la Constitution, devrait à lui seul suffire à éloigner tout soupçon de récupération politique. Car le gouvernement de la rupture n'avait pas attendu un enjeu électoral avant de faire le job de l'amélioration substantielle et durable des conditions des enseignants. Mais la tentation du chantage demeure.
Certains AME semblent oublier qu’ils bénéficient déjà, contrairement à d’autres citoyens, de rémunérations régulières sur douze mois, d’une couverture sanitaire pour leur famille, de la gratuité scolaire pour leurs enfants, et surtout de la perspective d’un reversement en Agents contractuels de droit public de l'État (ACDPE). Des acquis considérables que bien des compatriotes ne partagent pas. Fort heureusement, tous les AME ne se laissent pas séduire par les discours opportunistes.
L’intelligence situationnelle – qu’eux-mêmes enseignent parfois à leurs élèves – recommande de juger une décision à l’aune de l’expérience, des données disponibles et des perspectives réelles. Or, les conciliabules de certains avec le leader du parti Les Démocrates interpellent : ont-ils véritablement pris le temps de comparer leurs conditions de 2006 à 2016 avec celle qu’ils connaissent depuis 2016 ?
Car « Papa bonheur », dans une sortie mêlant chiffres approximatifs et règlements de comptes, voudrais-je croire, n'a pas promis le reversement massif des enseignants dès 2026? Une promesse faite dans ce contexte serait sur fond de carnaval politique, alors même que le peuple attend toujours de connaître les véritables candidats à venir de son camp. Voilà tout le malaise.
À l’inverse, le gouvernement actuel a choisi d’agir avec méthode, sans tapage ni fanfaronnade. Les progrès réalisés pour stabiliser le statut des AME ne sauraient être balayés d’un revers de main au gré des calculs électoralistes. Les enseignants eux-mêmes, pour la plupart, ne s’y trompent pas.
D’ici à 2026, une certitude demeure : c’est bien le gouvernement conduit par le président Patrice TALON qui détient les leviers financiers de la République. Aux AME de rester lucides et de ne pas se laisser instrumentaliser. Car le vrai défi, pour eux comme pour le pays, n’est pas dans les promesses électorales, mais dans la consolidation durable de leur avenir professionnel. Qui dit mieux ?
✍️ Fidèle Sèna VODOUNON

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